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27 octobre 2023 - Mâcon, la Saône et des hydravions

08 Mai 2024

Vendredi 27 octobre 2023, le Comité reçoit M. Alain Limonet et son épouse, venus nous conter cette fabuleuse histoire. Ils sont venus accompagnés de MM. François Dassonville, président de l’Aéro-Club de Mâcon-Charnay, Serge Bonnetain et Alain Forêt, anciens présidents, et Michel Gonnet du Club Cartophiles. Marc Bonnetain est également présent.

Un peu d’Histoire

 

Selon sa définition, «un hydravion est un avion ayant la capacité de se poser ou de décoller sur l'eau, décliné en divers types : hydravion à flotteurs, hydravion à coque, avion, aéronef amphibie, avion à effet de sol».

 

Depuis l’Antiquité, l’homme cherche à voler par ses propres moyens. C’est l’oiseau qui inspire Léonard Vinci au 15e siècle, il imagine une aile volante ou ornithoptère. Une machine à ailes battantes actionnées par les bras et les jambes du pilote.

Il faut attendre Clément Ader qui déposera un brevet en 1890 sous la dénomination «appareil ailé de navigation aérienne, appelé avion».

Premier essai de l’EOLE 1 le 9 octobre 1890 à Armainvillers. Un vol très court mais apportant la preuve que Eole 1 pouvait voler avec la seule ressource de sa force motrice.

 

Les frères Wright, construisirent de nombreux planeurs, afin de perfectionner et de maîtriser l’appareil en vol. Un moteur à explosion de leur conception équipera leur FLYER 1.

Ils construisent de nombreux planeurs, afin de perfectionner et de maîtriser le contrôle de l’appareil en vol. Ils effectueront leur premier vol le 17 décembre 1903. Les frères Wright sont considérés comme les pionniers de l’aviation.

Vocabulaire

 

Un hydravion ne décolle pas. Il déjauge. Un hydravion n’atterrit pas. Il amerrit.

Les pionniers

 

Alphonse Penaud, en 1876, construit un jouet à moteur à élastique «Le Planophore».

Il faudra attendre le 8 juin 1905, pour voir un plus lourd que l’air s’élever au-dessus de la Seine. Gabriel Voisin seul à bord, n’a ni moteur ni hélice. Il est tracté par un canot à moteur «La Rapière».5

Il renouvelle ses essais le 18 juillet avec un planeur équipé de flotteurs tracté par le canot «Antoinette», mais un amerrissage trop brutal l’obligera à un bain forcé.

C’est un planeur tracté, mais Gabriel Voisin a construit le premier hydravion.

 

Le 28 mars 1910, Henri Fabre, jeune ingénieur qui n’a jamais pris de cours de pilotage, aux commandes de son appareil baptisé «Canard», monté sur des flotteurs de sa conception et équipé d’un moteur de 50 cv, décolle et se repose en douceur plusieurs fois sur l’étang de Berre.

Il décèdera à la fin des années 1970, à plus de 90 ans, après avoir effectué un vol ParisNew York à bord du Concorde !

1890-1912

 

Ces pionniers tels François Denhaut, Jérôme Donnet, Glenn Curtiss, mettent au point des appareils plus lourds que l’air qui leur permettront de parcourir le monde. 20 années auront permis de tout inventer. Suivra une succession de perfectionnements techniques pour résoudre les problèmes de l’aérodynamisme, la puissance, la vitesse, et la maniabilité.

Les hydravions sur la Saône

 

C’est en 1912 que le premier meeting aérien eut lieu à Mâcon. Sur la Saône, on pouvait admirer les évolutions de l’hydro-aéoplane FARMAN de Maurice Chevillard. Les plus courageux purent prendre un baptême de l’air !

Des noms parmi d’autres

 

Le F.B.A. 17 H M, un appareil amphibie construit par Louis Schreck.

 

Le Douglas Dolphin, construit à 58 exemplaires. Un appareil de luxe destiné à une clientèle fortunée, avec des aménagements à la demande. 2 pilotes, 6 passagers. Cet appareil amphibie ne se posa pas sur la Saône mais sur le terrain de Charnay.

 

Le Short S23 Empire classe C. Un hydravion à coque, non amphibie, construit à 31 exemplaires pour la compagnie Imperial Airways.

L’appareil doit pouvoir assurer le transport du fret, du courrier et ses passagers pour desservir l’ensemble des territoires de l’Empire britannique, d’où le nom Empire. Tous les appareils seront dénommés par un nom commençant par la lettre «C», d’où classe C.

Le Canopus, avion mythique de référence, restera l’emblème des longs courriers de la compagnie Imperial Airways.

Escale d’hydravion à Mâcon

 

Avant que le projet de base d’hydravion à Mâcon voie le jour, de nombreux appareils avaient fait escale sur la Saône. Essentiellement des avions militaires mais aucun registre n’ayant été tenu, il est très difficile d’en connaître et le nombre et le type. Seul le registre tenu par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mâcon, après l’installation officielle de l’escale, mentionne les dates de passage et les types d’appareils militaires.

 

Dès 1935, Imperial Airways recherche des plans d’eau pour l’amerrissage de ses hydravions, pour escale de secours et de ravitaillement. Le Ministère proposera trois Plans d’eau. Les Imperial Airways retiendront Mâcon, les deux autres comme bases de secours.

 

Le premier vol d’étude aura lieu le dimanche 29 septembre 1935, comme l’atteste le télégramme envoyé de Marseille au Préfet de Saône-et-Loire.

 

Le Short S8 Calcutta, hydravion biplan trimoteur entre les ailes, premier appareil à coque pouvait accueillir 15 passagers.

 

C’est en fin de compte le 30 janvier 1937, que «Le Canopus» venant de Marseille amerrira à Mâcon. Avec une arrivée comme une star devant une foule immense.

 

Le 5 avril 1938, un décret officialise la création du «poste d’escale pour hydravions en amont de Mâcon».

 

Entre le 3 février 1938 et le 19 juillet 1939, date de la fermeture de l’escale par sécurité en raison de risques de conflit, 210 escales seront enregistrées.

Le Capricornus

 

Un des moments forts de l’épopée des Imperial Airways aura lieu le 24 mars 1937 avec l’accident du Capricornus.

 

En vol inaugural, l’appareil pris dans une tempête de neige volant à basse altitude, s’écrase sur le mont du «Fût Froid» près du village d’Ouroux (Rhône). 5 morts. La gendarmerie sécurisera la zone empêchant les curieux de s’approcher de l’épave. L’appareil transportait des valeurs, des « caisses d’or » qui donneront naissance à divers témoignages et légendes contradictoires.

 

Les agents de la compagnie récupèreront les moteurs et le matériel radio ; l’épave fut vendue à un ferrailleur de Villefranche-sur-Saône.

 

Les équipements de sécurité et de ravitaillement seront mis hors service dès juin 1940.

Le dernier appareil ayant amerri sur la Saône sera un H246 Lioré et Olivier de la compagnie Air France, en convoyage pour l’étang de Berre .Pas de date d’amerrissage.

IMPERIAL AIRWAYS 2003

 

Ne plus voir amerrir d’hydravions sur la Saône, c’était sans compter sur la détermination et la persévérance d’acteurs capables de fédérer associations et sponsors.

 

Dans le cadre d’une action de développement initiée par la caisse locale du Crédit Agricole de Mâcon, son directeur et deux administrateurs, Serge Bonnetain et Christian Chinardet lancent et mènent à bien ce projet.

Des HYDRAVIONS à MACON

 

Ils avaient tout prévu. Sauf que la Saône n’est mâconnaise que par moitié. Ils avaient ignoré le décret stipulant que «tout aéronef en contact avec l’eau est assimilé à un bateau et astreint au règlement qui régissent les bateaux».

Les pilotes italiens sont-ils qualifiés pour caresser la surface de la Saône ?

 

L’affiche est prête mais fait réagir les amis anglais. Les cartophiles viennent au secours de la carte postale.

Et finalement, les expositions sont installées à l’espace Carnot, des pilotes italiens arrivent depuis le lac de Côme. Une réception est donnée en mairie, et l’aéro-Club assurera les baptêmes de l’air.

 

Des démonstrations en vol dont celle d’hélicoptère monté sur flotteurs, d’un Piper PA 18, du Lake Renégade, un appareil à coque, amphibie de fabrication américaine avec 1 pilote et 3 passagers.

Côté St-Laurent-sur-Saône, la montgolfière C.A. assurera elle aussi des baptêmes en ballon captif.

IMPERIAL AIRWAYS 2016

 

Cette manifestation est programmée à l’initiative de l’Association Touristique et Culturelle de Mâcon, en partenariat avec l’Aéro-Club, avec des expositions présentées par les aéromodélistes, les philatélistes, y compris la fresque de Bartoli qui décorait la salle de restaurant de l’ancien hôtel Terrminus et des pièces provenant du Capricornus.

 

Présence du CATALINA à l’aérodrome et de Franklin Devaux, un des pilotes du Catalina. Venu présenter son livre « un avion pour rêver, l’histoire du Catalina Princesse des Etoiles». «Le plus lent des avions, mais le plus rapide des bateaux».

 

Le «Princesse des Etoiles» après avoir participé aux commémorations de Pearl Harbor, poursuit ses démonstrations et meetings aux USA.

* * *

Après avoir écouté une aussi intéressante présentation d’Alain Limonet, je veux remercier les participants venus de l’Aéro-Club du Mâconnais, bénéficiaires et bénévoles qui liront ce récit pour se souvenir de ces manifestations attirant encore et toujours les Mâconnais curieux de cette époque où des hydravions se posaient sur la Saône.

 

Monique MATHY, présidente