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Musée de Solutré

04 Avril 2022

«L’Après Histoire» telle est le titre de l’exposition que le Comité de Mâcon va découvrir ce vendredi 11 mars 2022, au musée de Solutré. Solutré, un lieu, dont nous entendons beaucoup parler. Un site devenu célèbre par la visite annuelle du Président Mitterand le week-end de Pentecôte.

Le Musée de la Préhistoire de Solutré, inauguré en 1987 par François Léotard, alors Ministre de la Culture du Président de la République, a été créé à l’initiative du Conseil Départemental de Saône-et-Loire afin de présenter, sur les lieux de leur découverte, les collections du célèbre site préhistorique.

Découvert en 1866 par Adrien Arcelin, le gisement de Solutré a fait l’objet de nombreuses recherches qui se poursuivent encore aujourd’hui. Il convient de citer les remarquables travaux de l’abbé Breuil en 1907 ainsi que les recherches de Jean Combier, directeur des fouilles de Solutré de 1968 à 1978, qui ont renouvelé les connaissances sur ce site prestigieux.

Situé au pied même de la Roche de Solutré, haut lieu touristique de France, le Musée présente les collections d’un des plus riches gisements préhistoriques d’Europe : un site de chasse fréquenté depuis plus de 50 000 ans par des hommes qui sont venus chasser, dépecer et boucaner des milliers de chevaux et de rennes. Il reste à cet emplacement une accumulation d’ossements qui est à l’origine de la célèbre légende, aujourd’hui démentie, des chevaux précipités par les chasseurs depuis le sommet de la roche. C’est en réalité au pied de l’escarpement rocheux que les troupeaux étaient traqués puis abattus.

Nous sommes accueillis par le sculpteur Jean Fontaine, un habitant de Davayé dont 25 oeuvres sont actuellement exposées au Musée jusqu’au 6 juin 2022.

HUMANOFOLIE DE L’ARTISTE

Jean Fontaine s’attaque et s’attache à l’humain. Grâce à sa connaissance intime de la céramique et à sa technique du modelage, il s’est construit un monde singulier et cocasse, peuplé de créatures venues d’ailleurs.

Son imaginaire se nourrit des chimères des hommes et des caprices des femmes. Au travers d’une anticipation, enracinée dans la rouille des carcasses du passé, il nous donne à voir des greffes du vivant sur de l’inerte.

Humanofolie, c’est du futur mégalomaniaque, c’est du délire shooté à la paranoïa, de l‘extravagance élégante, et c’est aussi de la fredaine drolatique.

 

IMMERSION DANS UN MONDE FABULEUX

Cauchemar dans la grotte.

Un monstre au plafond sur lequel est projeté un film. Son visage se déforme, passant de l’enfant au visage du vieillard hideux et déformé. Sur un mur bleu foncé, en lumière blanche, des silhouettes rappellent une époque vieille de 15 000 à 20 000 ans.

Installées sur des palettes en bois, voici les oeuvres aux noms bizarres.

Hippopotin, Tortue lumineuse, Darwinner, l’Encornue, bouquetins effrontés, corps à cornes, Zeus au zoo, gazelle au gasoil. Deux Vénus dont l’une coiffée de plumes blanches.

Des sculptures de terre cuite aux patines métallisées 25 pièces sont ici exposées, 25 oeuvres sont en stock et une soixantaine exposées actuellement au Muséum d’Histoire Naturelle à Genève.

Il ne faut pas seulement les regarder, mais il faut surtout toucher cette matière surprenante donnant l’illusion du bronze ou tout autre métal. Des crêtes, des postérieurs arrondis, des boulons, des clés de mécano, des écailles, des cornes, le tout dans une couleur sombre, ornent ces sculptures. Les yeux ne sont pas des boutons de bottines, mais ceux utilisés par les taxidermistes.

Toutes les pièces sont en terre. Plus exactement venue de La Puisaye, une région qui bénéficie d’une terre riche en argile. Les grès utilisés par l’artiste proviennent de Saint-Amand-en-Puisaye, dans le département de la Nièvre. Une terre très plastique mais résistante à la cuisson.

Jean Fontaine nous explique que son travail repose sur des contrastes, mêlant douceur et agressivité. Une belle découverte.

 

LA PREHISTOIRE ET LA VIE A SOLUTRÉ

Le Solutréen est une culture préhistorique qui s'est développée en France et dans la péninsule Ibérique durant la deuxième moitié du Paléolithique supérieur. Il tire son nom du site préhistorique de Solutré. Il se développe entre environ 23 000 et 18 000 ans avant le présent.

Le solutréen a été défini en 1872 par Gabriel de Mortillet, sur la base de l’industrie lithique découverte en 1866 par Henry Testot-Ferrry et Adrien Arcelin au pied de la fameuse Roche.

Assis en demi-cercle, nous écoutons les explications de Mme Combier, médiatrice culturelle au Musée, et surtout nous pourrons toucher les objets qui vont circuler entre nous.

 

ARCHEOLOGIE ET PATRIMOINE SOLUTREEN

Les hommes du Solutréen ont fait preuve d'une grande maîtrise des techniques de taille et en particulier du façonnage de pièces bifaciales très fines au percuteur tendre.

La finition des outils en silex était assurée par la technique de la retouche couvrante par pression : les éclats de retouche ne sont pas détachés en percutant le silex mais en pressant très fortement son bord avec un outil en os, ce qui autorise une plus grande précision et une plus grande finesse du résultat.

Dans certains cas, les silex étaient intentionnellement chauffés avant d'être retouchés afin d'améliorer leurs propriétés mécaniques. C'est également à cette époque qu'apparaît le traitement par le feu, préalable au débitage et à la taille.

Ces techniques ont permis la confection de différents outils : pointes à face plane au Solutréen ancien, pièces bifaciales d'une grande finesse, appelées «feuilles de laurier» au Solutréen moyen, «feuilles de saule» et pointes à cran au Solutréen final. Le reste de l'outillage correspond au fond commun du Paléolithique supérieur: grattoirs, burins, perçoirs, lamelles à dos.

Les matières dures animales (os, bois de rennes) sont également couramment utilisées au Solutréen (lissoirs, percuteurs, armatures de sagaies, etc.). Deux inventions majeures semblent apparaître à la fin du Solutréen, l’aiguille à chas et le propulseur.

 

LE TRAVAIL DU FEU

Autre objet curieux passant entre nos mains, le champignon amadouvier, qui pousse sur les arbres.

Il possède un chapeau en forme de casque de 10 à 30 cm de longueur et de 5 à 20 cm de large. Il est très épais et très coriace, très difficile à détacher de son support. La face supérieure est de couleur brun foncé, brun-gris ou gris sombre, elle est lisse et présente des zones, des demi-cercles concentriques marqués.

C’était l’allume-feu de nos ancêtres qui, en frottant le champignon en recueillaient les étincelles !

 

LE TRAVAIL DE L’OS

Ce travail permettait la confection des pointes de sagaie, en utilisant aussi des tendons d’animaux pour les attaches des couteaux. La reproduction de la pointe d’une sagaie datée du Néandertal nous donne une idée du travail des habitants. De même pour un propulseur et pour un crochet en os. Un crane de cette époque est ausculté par nos petites mains.

Solutré était un site de chasse, On y trouvait des chevaux, des rennes, des rhinocéros laineux, des mammouths... Ceux-ci possédaient 4 molaires et 2 incisives, Une dent circule. Impressionnant !

La steppe à mammouth était constituée de lichen, de genévrier, etc. Un bocal reconstitué circule.

 

LE TRAVAIL DE LA TERRE

Des figurines représentant la féminité, la fécondité figuraient sur des pendentifs. Trois reproductions de statuettes de couleur claire ou brune passent de main en main. Ce sont des Vénus.

 

Il aurait été dommage que le Comité passe à côté d’une visite dans ce lieu emblématique du Mâconnais, et au-delà, de la Région.

Solutré valait bien une rencontre avec un artiste local et un retour sur plusieurs milliers d’années !

Un grand merci à Jean Fontaine et à Maryvonne Combier pour leurs instructives

explications.

 

Monique MATHY

Présidente du Comité